Retour sur le master class de Amadou Sidibé à Ouagadougou

mai 23rd, 2023 | par afriktilgre@
Retour sur le master class de Amadou Sidibé à Ouagadougou
Agro-pastoral
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L’agrobusinessman Malien Amadou Sidibé était à Ouagadougou le 17 mai 2023, sur invitation de l’association African Golden, pour parler de « jeunesse africaine et opportunité d’entreprendre dans l’agrobusiness ». Comme à son habitude, l’homme a encouragé les jeunes à s’intéresser à l’agriculture qu’il présente comme l’une des clés essentielles du développement en Afrique.

En cette soirée du mercredi 17 mai 2023, la salle de six cent (600) places qui accueille la conférence publique animée par Amadou Sidibé est pleine de jeunes nourrissant un intérêt pour l’agriculture. Face à ces derniers, l’entrepreneur a abordé plusieurs préoccupations en lien avec l’agrobusiness. Pour commencer, il a laissé entendre que son amour pour l’agriculture est avant tout une passion et un héritage que lui a légué son père.  Pourtant son parcours universitaire ne le prédestinait pas à être « archiculteur » (grand agriculteur, NDLR) comme il se fait appeler. En effet, il a étudié l’architecture à l’Institut d’architecture de Moscou. Revenu au Mali, il exerce son métier de formation. C’est ainsi qu’en 1993 il construit le monument de l’Indépendance à Bamako à l’issue d’un concours.

Malgré ce sacre, sa carrière d’architecte ne fera pas long feu car il va très vite s’intéresser à l’agriculture.  Pour Amadou Sidibé, « le potentiel en matière d’agriculture est tellement énorme.» tant sur le plan des conditions climatiques que la disponibilité des terres cultivables.

Amadou Sidibé aux jeunes : « c’est le sérieux qui compte dans ce métier comme dans tous les autres métiers. 

Une agriculture innovante s’impose               

Aujourd’hui avec le développement technologique on peut exploiter de grandes superficies avec moins de mains d’œuvre selon le conférencier. Il partage cette expérience : « Il y a deux ans j’ai visité un couple aux Etats Unis d’Amérique. Ils exploitent 2000 hectares. Ils ont des tracteurs de 50 chevaux qui ne sont pas pilotés de manière physique. Le tracteur peut démarrer et aller faire la tache qu’on lui a confiée. » « Cela veut dire que l’industrialisation et la mécanisation de l’agriculture sont un atout majeur.», ajoute Amadou Sidibé.

En ce qui concerne la serriculture (culture sous serre NDLR) dont il est l’un des acteurs majeurs dans la sous-région ouest africaine, l’agrobusinessman estime qu’elle est un plus (avantage, NDLR) majeur, compte tenu du changement climatique qui met à mal l’agriculture ordinaire. Elle permet d’échapper aux effets pervers de l’instabilité du climat marquée par des températures très élevées, de grands vents et pluies, etc.

L’agriculture, une thématique que mobilise de plus en plus l’attention de plusieurs jeunes.

Pour un meilleur rendement dans l’agriculture, l’entrepreneur agricole préconise aux jeunes de mettre l’accent sur la qualité des semences. Selon ses explications, il s’agit d’un autre point sur lequel l’Afrique est à la traine par rapport aux Etats Unis par exemple. Dans la culture du maïs le rendement maximal par hectare peut atteindre plus de 40 tonnes dans ce pays, tandis qu’en Afrique il est de 7 à 8 tonnes.

En agriculture, il faut aller étape par étape

Sur la question de l’accès aux financements au profit des entrepreneurs agricoles, Amadou Sidibé s’est voulu prudent. Au lieu de recourir aux prêts dans les établissements bancaires ou de micro finance qui sont d’ailleurs très difficiles d’accès, il préconise d’autres méthodes qu’il estime plus raisonnables et adaptées.  « Je suis anti banque, anti organisme de micro finance. Je crois beaucoup au co-entrepreneuriat. Je préconise les tontines. » a-t-il dit en guise de conseils aux jeunes entrepreneurs agricoles.  

Sachant le manque de moyens financier chez les jeunes, Amadou Sidibé les invite à commencer à « faire le peu qu’ils peuvent avec le peu qu’ils ont.».

L’association African Golden reconnait les mérites de l’agrobusinessman

La suffisance alimentaire avant la sécurité alimentaire

Interrogé sur sa position par rapport à l’agriculture durable, Amadou Sidibé s’est montré critique. L’Afrique n’est pas à ce niveau. Sa conviction est que pour l’heure, l’agriculture durable ne peut pas produire  suffisamment pour nourrir les Africains. « Dans le type d’agriculture que je fais, bien-sûr il faut préserver la nature (…). Mais il faut qu’on puisse quand même se nourrir.» a-t-il déclaré, tout en reconnaissant la nécessité d’utiliser moins de produits chimiques dans les productions agricoles.

A la fin de la conférence, Amadou Sidibé a tiré son chapeau à la jeunesse africaine qui selon ses dires s’intéresse de plus en plus à l’agriculture. Il a promis aussi d’ accompagner les jeunes burkinabè qui veulent gagner leur vie tout en contribuant au bien-être des africains, à travers l’agriculture.

Adrien Djiguemdé

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