Non-assistance à malade : Une accompagnante accuse, la clinique Philadelphie s’en défend

octobre 24th, 2020 | par afriktilgre@
Non-assistance à malade : Une accompagnante accuse, la clinique Philadelphie s’en défend
Astuce santé
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C’est encore sous un choc palpable qu’une accompagnante de malade s’est présentée le 14 octobre à notre rédaction pour dénoncer l’attitude “inhumaine” du personnel soignant de la clinique Philadelphie. La plaignante, mine déconfite, relate avec amertume que la clinique incriminée n’a pas bougé le petit doigt pour consulter sa jeune collègue qui a perdu connaissance sous les yeux d’un de ses médecins. Pis, la malheureuse souffrante aurait été refoulée sans le moindre soin d’urgence. L’accusée s’en défend. Récit d’une scène qui fait dresser des cheveux sur la tête.

Deux jours après les faits, c’est une dame toujours scandalisée qui condamne avec la dernière énergie ce qu’elle qualifie de “non-assistance à personne en danger”. C’est sous le sceau de l’anonymat, (nous l’appellerons donc SP) qu’elle nous décortique sa galère avec les représentants d’Hippocrate dans cette clinique de renom sus-citée. lundi 12 octobre 2020, sa jeune collègue est secouée par de violents maux de ventre qui l’empêchaient de se tenir sur ses deux jambes. Avec l’aide du comptable, elles l’amènent aussitôt à la clinique Philadelphie, située à quelques pas du service de la bonne dame. Arrivée, elle dit être accueillie par un infirmier qui a demandé à ce qu’on amène un fauteuil roulant pour transporter la patiente qui ne tenait plus sur ses jambes. Au moment ou un vigile de la clinique apportait sa précieuse main forte pour installer la souffrante dans le fauteuil roulant, elle dit avoir été soudainement interrompue par un médecin.

Selon les dires de l’accompagnante, le médecin leur a tout simplement dit de quitter les lieux. Argument balancé, plus de place disponible pour accueillir un malade. L’accompagnante est estomaquée par ce qu’elle vient d’entendre:« J’ai répété au médecin que la patiente n’était pas du tout bien. Au moment où j’insistais pour qu’on nous accepte, elle s’est évanouie. Quand elle a perdu connaissance devant le médecin, j’ai dit « aidez-moi elle vient de s’évanouir, qu’est-ce qu’on fait, aidez-moi. », supplie-t-elle. Mais c’était peine perdue car le médecin qui serait resté de marbre n’aurait eu autre chose à dire que de demander à la dame et son malade de rebrousser chemin. « Non ! Non ! On ne peut pas la recevoir, il n’y ya pas de place » tels seraient les propos du médecin, à en croire les explications de notre interlocutrice du jour.

SP affirme que la patiente a perdu connaissance au sein de la clinique sans que le médecin n’intervienne pour apporter une quelconque solution

Face au refus du médecin, l’accompagnante précise qu’elle n’a eu d’autre choix que de ramener sa jeune collègue dans une autre clinique située au centre-ville. « Imaginez Koulouba et le centre-ville avec la circulation dense de Ouagadougou. On priait Dieu pour ne pas faire un accident sur la route. Pendant que nous l’amenions dans cet autre centre de santé, elle avait tellement mal qu’elle a perdu connaissance au moins trois fois dans le véhicule. » A-t-elle poursuivi. Sur place à la deuxième clinique, SP a laissé entendre que son malade a été immédiatement pris en charge par le personnel médical.

La prise en charge a duré quelques heures, la malade a juste reçu une perfusion et des calmants. « Nous sommes arrivés autour de 9h-10h et on nous a libéré aux environs de 13h. C’était juste de violents maux de ventre que la première clinique pouvait soigner en un rien de temps si le médecin nous avait écouté. » dit-elle. Toute furieuse SP a souligné qu’à défaut de recevoir sa collègue, le médecin de Philadelphie pouvait l’orienter vers un autre centre médical. Chose qui n’a pas été faite selon ses dires. « Est-ce que vous pensez que c’est humain, quelqu’un qui s’évanouie dans vos locaux et vous refusez de vous approcher même pour regarder. On nous a chassés, c’est le mot que je cherchais. Je ne suis pas d’accord, trop c’est trop, je ne sais pas ce qu’ils ont. Les médecins ont une obligation de moyen, ce qui veut dire qu’ils doivent tout mettre en œuvre pour assister les malades. », déclare la plaignante, entre inquiétude et mécontentement.

 Notre plaignante est allée plus loin en insinuant que la société Burkinabè se déshumanise de jour en jour et cette situation n’épargne personne, riche comme pauvre. Elle a fini par tirer à boulets rouges sur la gouvernance actuelle du Burkina Faso qui à l’entendre favorise ce genre de comportements aux antipodes du serment d’Hippocrate.

                                                 La clinique rejette tout en bloc

 « Ce n’est pas possible de perdre connaissance dans nos locaux et ne pas bénéficier d’une prise en charge. Ce jour-là, je n’étais pas présent à la clinique, mais le compte rendu qu’on m’a fait me fait dire que la fille ne s’est pas évanouie à Philadelphie. Elle avait juste un malaise, mais elle n’a pas perdu connaissance. On ne peut pas refuser une urgence dans notre clinique, ce n’était pas une urgence. Très souvent il faut dire que l’accompagnant est plus malade que le malade lui-même, puisqu’il est traumatisé. ». Ce sont là les premiers arguments que Dr Sakandé, Directeur de la clinique mise en cause, a brandi pour montrer que l’état de santé de la malade n’était pas urgent et qu’elle pouvait aller ailleurs pour se faire assister. Il a ajouté que sa clinique reçoit très souvent des malades que les autres centres de santé rejettent, donc elle ne peut pas refuser une urgence telle que décrite par l’accompagnante.

La clinique réfute complètement les propos de SP attestant que la malade s’est évanouie

« Récemment, nous avons eu une dame qui est venue avec une brulure de 70% de son corps. On ne peut pas accepter cette situation et refuser un cas bénin. » rapporte Dr Sakandé. Plus loin, pour signifier que l’état de la patiente n’était pas grave, le directeur de la clinique dira qu’il a reçu des informations attestant que la souffrante a repris le service dès le lendemain, après sa prise en charge. Cette dernière déclaration du premier responsable de la clinique, plusieurs collègues de la dame l’ont qualifiés de scandaleuse. A les écouter, la malade en question a été absente au service tout au long de la semaine. Bien que Dr Sakandé rejette en bloc les propos tendant à dire que la patiente s’est évanouie dans sa clinique, il a ouvertement reconnu que son frère, qui est son collaborateur direct au sein de la clinique, a tenu à présenter des excuses à la mère de l’accompagnante suite à l’incident. Il faut noter que la mère de SP est également médecin.

Dr Sakandé relate que la mère a appelé à son bureau pour mieux comprendre les faits et les discussions se sont soldées par des notes de Mea culpa de son établissement sanitaire. En somme il a souligné que la scène qui s’est produite le 12 octobre au sein de la clinique incriminée ne mérite pas qu’on tape sur les tam-tams. Pour lui, les réactions de la dame sont liées à la panique et à l’anxiété qui font que tout homme dans la même situation grossirait les faits.

Qu’à cela ne tienne, cet incident vient une fois de plus rappeler, si besoin en était, que le personnel médical se doit de toujours prêter une oreille attentive aux personnes qu’il reçoit quotidiennement pour des soins. Il vous souviendra qu’il y a quelques semaines en arrière, le ministère de la santé avait été interpellé par des citoyens sur le cas d’une femme enceinte qui s’est vue refuser l’accès au CMU de Baskuy, l’obligeant ainsi à accoucher au parking de l’hôpital. La multiplication de telles situations dégrade profondément la confiance entre le personnel soignant et la population. Le ministère de la santé est donc interpellé.

 Sougrinoma Ismaël GANSORE

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