Les femmes de l’Afrique de l’ouest veulent au moins 25% des places dans les organes de gouvernance des politiques agricoles.

juillet 31st, 2023 | par afriktilgre@
Les femmes de l’Afrique de l’ouest veulent au moins 25% des places dans les organes de gouvernance des politiques agricoles.
Agro-pastoral
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Reunies du 24 au 27 juillet à Koubri au Burkina Faso, à l’occasion du Forum Femme, Économie et Résilience, la cinquantaine de délégués de femmes rurales du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’ouest (ROPPA), provenant de 12 pays, se sont mis d’accord sur “10 mesures structurelles prioritaires.”. La mise à l’échelle de ces 10 mesures devrait aboutir à une consolidation des capacités de résilience de l’autre moitié du ciel, dans les campagnes ouest-africaines.

DECLARATION DES FEMMES DU ROPPA : « Forum Femme, Economie et Résilience ».

« Engagements des femmes rurales du ROPPA pour une économie solidaire et résiliente comme socle de durabilité de leurs exploitations et de la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest ».

Nous, les 55 déléguées de femmes rurales du ROPPA provenant de 12 pays de l’Afrique de l’Ouest, réunies dans le cadre du Forum Femme, Economie et Résilience tenu à Koubri au Burkina Faso, du 24 au 27 juillet 2023, sommes conscientes de notre rôle de « moteur de l’économie régionale rurale » dans les chaines de valeur agro-sylvo-pastorale halieutique. Nous innovons depuis des décennies pour nous adapter aux mutations sociales, économiques, environnementales et politiques. Pour répondre aux exigences des consommateurs qui sont demandeurs de produits de qualité, nous avons amélioré nos processus de transformations et la présentation de nos produits afin d’atteindre les standards de qualité des consommateurs ouest africains.

Désormais, nos produits locaux valorisés sont disponibles dans les alimentations, les grandes surfaces et sont de plus en plus consommés. Nous avons produit des livrets de recettes culinaires au niveau de nos pays et au niveau ouest africain pour faciliter l’appropriation des recettes par les consommateurs et promouvoir la diversité culinaire de notre belle région. Nous avons amélioré notre structuration, nous sommes organisées en coopératives, en association, en collège pour acheter, vendre ensemble et défendre nos intérêts. Nos initiatives nous permettent depuis lors, d’être de plus en plus représentées dans les instances décisionnelles et de conquérir les marchés nouveaux qui s’offrent à nous et nous approvisionner à coûts plus réduits.

Tous ces efforts ont été soutenus et appuyés par les Etats ainsi que nos organisations paysannes dont nous voulons saluer le leadership et l’engagement. En dépit de ces avancées, nous femmes rurales, rencontrons de contraintes lourdes qui plombent la mise à échelle et affectent notre résilience. Nos capacités de résilience, nos conditions et moyens d’existence se sont davantage détériorées ces dernières années du fait, des changements climatiques et environnementaux, de la recrudescence des attaques terroristes avec ses conséquences de déplacés internes dont les femmes paient le lourd tribut, et de la crise sanitaire à COVID-19 ayant détérioré les capacités productives des femmes rurales. Ces différentes situations engendrent des problèmes humanitaires et sociaux mettant à mal, « le vivre ensemble » ou « le contrat social » ce qui a pour corollaire, le renforcement des inégalités femmes-hommes :

L’ampleur des crises de plus en plus complexes mettent en péril des millions d’exploitations agro-sylvo-pastorales et halieutiques marquées par de fortes fragilités au niveau des femmes ; La crise russo-ukrainienne ayant entrainé une flambée des prix des produits alimentaires a érodé les moyens d’existence des familles rurales ouest-africaines mettant ainsi en lumière, la fragilité du modèle agricole porté sur l’intensification à base d’intrants chimiques ; L’accaparement des sites de production des femmes par les sociétés minières dans certains pays, les effets des changements climatiques entrainant de fortes dégradations des ressources naturelles, halieutiques et forestières, l’’érosion et la perte de fertilité des sols, impactent fortement la résilience des femmes rurales.

Au milieu Fatou Samba Njai, Présidente du collège des femmes de la coordination nationale des associations de producteurs agricoles de la Gambie (NACOFAG), a insisté sur l’importance des partages d’expérience entre femmes de la sous-région ouest-africaine.

Nous, femmes rurales du ROPPA, restons convaincues que l’agroécologie paysanne constitue une réponse viable et une alternative durable au renforcement de la résilience des agroécosystèmes et l’atténuation des effets des changements climatiques afin de garantir, une demande alimentaire régionale de plus en plus croissante. C’est dans ce contexte que nous femmes rurales de l’Afrique de l’Ouest, appelons nos Collectivités, nos Etats, nos institutions régionales d’intégration (CEDEAO, UEMOA, CILSS, etc.) ainsi que nos partenaires, à nous accompagner durablement dans la mise à l’échelle de nos initiatives économiques par une consolidation de nos capacités de résilience, à travers la prise de « 10 mesures structurelles prioritaires » :

Mesure 1 : Faciliter l’accès des femmes à au moins 30% des facteurs de production (terres sécurisées, semences, équipements, eau, formations, etc.) ;

Mesure 2 : Consolider l’implication de la recherche dans les filières prioritaires où évoluent les femmes afin de disposer de semences, de races animales et halieutiques ainsi que d’aliments fourragers adaptés aux besoins et préoccupations des femmes ;

Mesure 3 : Soutenir l’internalisation des bonnes pratiques agricoles et des bonnes pratiques de transformation agroalimentaire des femmes, axées sur l’agroécologie et les techniques d’adaptation aux changements climatiques, en développant un partenariat avec les médias pour leur diffusion et leur partage ;

Mesure 4 : Faciliter la mise en place de mécanismes de financements adaptés aux besoins des femmes (taux, volume, durée, garantie, etc.) au secteur agricole à travers un abondement par diverses sources (fonds vert climat, fonds minier, fonds portuaire, taxes sur les produits importés, etc.) ;

Mesure 5 : Appuyer financièrement l’accès des femmes aux unités de conservation et de transformation équipées et modernes ainsi que des moyens de transport des produits ;

Mesure 6 : Subventionner la certification et l’autorisation de mise en marché des produits portés par les femmes ;

Mesure 7 : Concéder au moins 30% des marchés institutionnels nationaux et de la constitution de la réserve régionale de sécurité alimentaire aux coopératives de femmes ;

Mesure 8 : Faciliter le commerce régional des produits locaux par un assouplissement des barrières tarifaires et non tarifaires ;

Mesure 9 : Appliquer les dispositions relatives à la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO ;

Mesure 10 : Veiller à l’implication d’au moins 25% de femmes dans les instances de gouvernance et de prise de décisions au niveau du ROPPA, des PFN ainsi que dans les organes de gouvernance des politiques agricoles tout en accompagnant les échanges d’expériences entre les femmes au sein du réseau.

Réaction de la Présidente du Collège des femmes du Niger, Mme Hima Fatimatou, à l’issue de la déclaration finale.

Nous, femmes rurales des pays membres du ROPPA, prenons l’engagement de mettre en œuvre des plans de plaidoyer, de suivi, de veille et de dialogue sur les politiques aux niveaux local, national et régional afin que ces « 10 mesures structurelles », permettent une consolidation de la résilience et de la durabilité des exploitations et des unités de transformation agro-sylvo-pastorale et halieutique des femmes, à l’effet de nourrir les populations ouest africaines en produits locaux sains et de qualité avec l’implication des jeunes ruraux de nos exploitations.

Le forum a donné lieu à des moments de partage de bonnes pratiques, dans la transformation agroalimentaire.

C’est l’occasion pour nous, de remercier les partenaires qui ont soutenu les coopératives et la tenue du forum. Nous sollicitons l’accompagnement du Conseil d’Administration du ROPPA et du Président du ROPPA, pour un meilleur partage des mesures structurelles prioritaires et l’établissement de dialogues et concertations sur les politiques agricoles avec nos Etats, nos organisations régionales d’intégration et les partenaires du secteur Agro-sylvo-pastorale et Halieutique (ASPH).

Fait à Koubri le 27 juillet 2023, Le Forum.

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