Utiliser les journalistes comme un catalyseur dans la promotion de l’agroécologie au Burkina, en vue de mieux renseigner l’opinion, c’est un des objectifs que s’est fixé le Collectif citoyen pour l’agroécologie (CCAE). A cet effet, il a organisé un atelier de sensibilisation et d’information sur l’agroécologie et ses enjeux socio-politiques au profit des hommes de médias, le jeudi 20 octobre 2022 dans la ferme agroécologie de Roumtenga, à cinq kilomètres de Ouagadougou.
Au Burkina Faso, le secteur agricole occupe plus de 80 % de la population et constitue la principale source de revenus et d’emplois, a relevé d’entrée de jeu le porte-parole du collectif pour l’agroécologie, Ali Tapsoba. Cependant, déplore t-i, les pratiques d’agriculture conventionnelle développées depuis plusieurs décennies peinent à inverser les tendances de la dégradation de l’environnement et des conditions de vie des populations. Face à cette situation, l’agroécologie se propose comme une solution alternative pour remédier à ces difficultés car de par sa nature, elle est protectrice de l’environnement et garantit la santé du producteur, a-t-il expliqué aux journalistes, ajoutant que sa promotion est un impératif au regard des limites de l’agriculture conventionnelle.
A entendre le porte-parole du CCAE, l’organisation de cet atelier qui est la suite d’une formation des acteurs en technique de plaidoyer, consiste à interpeller les décideurs politiques afin qu’ils puissent inclure l’agroécologie dans l’agenda politique, social et économique. Mais pour y arriver, Il faut des moyens de pression capables d’influencer les décisions d’où la pertinence du choix des journalistes à cette formation en vue de porter haut cette cause auprès des autorités mais aussi dans l’opinion.
Trois communications ont ponctué cette journée d’échanges. Il s’agit, entres autres, d’une communication sur les expériences du Collectif citoyen pour l’agroécologie, notamment, sur les actions de plaidoyers opérés pour le développement de l’agroécologie au Burkina Faso ; la stratégie nationale de développement de l’agroécologie du ministère en charge de l’agriculture ; le foncier rural et l’agroécologie. Dans sa communication sur l’expérience de la CCAE, Ali Tapsoba a indiqué que malgré l’urbanisation galopante avec la rareté alimentaire suivie par le phénomène de changement climatique, les acteurs de l’agroécologie ambitionnent nourrir neuf milliards de personnes dans le monde à l’horizon 2050. Il a laissé entendre aussi que les enjeux de cette pratique agricole ne sont pas seulement qu’alimentaires ; ils sont aussi d’ordre économiques, socio-culturels, environnementaux et surtout politiques.
Car lance-il, la faim est devenue une arme, celui qui vous nourrit vous dicte sa loi. A l’en croire, la CCAE a initié, entre autres, des actions militantes à travers des marches meetings, l’organisation des journées scientifiques et alimentaires afin de vulgariser cette pratique. Au ministère de l’agriculture, le taureau est déjà pris par les cornes, rassure Toussaint Sampo, qui a décliné la stratégie nationale de développement de l’agroécologie en cours d’adoption. Cette stratégie d’une durée de cinq ans soit de 2023 à 2027 avec un coût global de plus de 19 milliards de francs cfa va permettre d’enclencher une autre dynamique, afin de faire de l’agroécologie une réalité au Burkina Faso selon le communicateur.
L’apothéose de cette journée a été marquée par une visite terrain sur la ferme agroécologique de Béo-néeré. Les bénéficiaires de la formation ont traduit leur reconnaissance au CCAE tout en exprimant leur disponibilité à faire ce qu’ils savent faire le mieux, informer les populations. En rappel, l’atelier a été organisé en partenariat avec le CEAS-Suisse.
Serge Ki