Démarrés en 2015 au Burkina Faso, l’abattage et le commerce massifs des ânes avaient été freinés en 2016 par un décret portant réglementation de l’abattage et de l’exportation des asins, camelins, équins et de leurs produits. Des années après, ce commerce a repris de fort belle manière. Un fait qui a suscité l’organisation ce vendredi 10 décembre 2021, à Ouagadougou, d’un atelier de réflexion sur la lutte contre le trafic des ânes au Burkina Faso. Cet atelier vise à trouver des solutions durables et à s’adapter au nouveau mode opératoire des trafiquants.
En raison de la recrudescence de l’exportatione des ânes et de leurs peaux, malgré le décret 857 du 7 septembre 2016, est organisé ce vendredi 10 décembre 2021 à Ouagadougou, un atelier de réflexion sur la lutte contre le trafic des ânes au Burkina Faso. Il est initié par le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, avec l’appui de Brooke Afrique de l’Ouest et de ses partenaires Inades-Formation Burkina et l’ONG APIL. Pour Emmanuel Bouré Saar, Directeur régional de Brooke Afrique de l’Ouest, le présent atelier se veut être un cadre d’échanges francs sur le commerce des ânes et de leurs peaux. Les discussions portent essentiellement sur les questions de fourrière en cas de saisie, les sanctions des contrevenants, les rôles et responsabilités des différentes parties, etc.
La demande mondiale de peaux d’ânes est de 4,8 millions par an. L’Afrique de l’Ouest compte environ 06 millions d’ânes et le Burkina Faso en dénombre environ 1 462 199 en 2021. Le pays est aujourd’hui, l’épicentre du commerce clandestin des ânes vers des pays côtiers comme le Ghana. Les peaux d’ânes sont destinées à la Chine pour développer l’Ejiao, un produit cosmétique traditionnel auquel sont attribués des vertus de santé, de fertilité et de rajeunissement. Face à cela, Emmanuel Bouré Saar estime que l’heure est grave, puisque les populations sont en train de perdre leur outil de travail et si rien n’est fait, dans 10 ans l’âne va disparaitre de l’Afrique de l’Ouest.
Pour sa part, Hervé Zoungrana, Secrétaire Général du Ministère en charge des ressources animales, attend de cet atelier des actions fortes et des recommandations claires, pouvant aider le gouvernement à prendre des décisions allant dans le sens de la réduction considérable du trafic des ânes.
Parlant du nouveau mode opératoire des trafiquants, Emmanuel Bouré Saar explique qu’initialement les ânes étaient abattus au Burkina et transportés en Chine. Désormais, ils sont convoyés au Ghana avec l’aide de passeurs pour y être abattus et envoyés en Chine.
En rappel, au Burkina Faso, l’âne contribue à la production agricole, au transport (personnes, récoltes, fourrages, eaux,), à la fertilisation des sols, etc. Sa disparition impactera la production agricole, l’activité socioéconomique et la sécurité alimentaire.
Fernand Appia
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