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Produire de l’eau potable à partir de l’humidité présente dans l’air. En moins de deux ans, le rêve un peu fou d’Iheb Triki est devenu réalité. L’idée a germé dans l’esprit de ce jeune ingénieur tunisien lors d’un voyage avec ses amis dans le désert tunisien. Un matin au réveil, il remarque que leurs tentes sont recouvertes de rosée. « Des gouttelettes partout, en grande quantité ! Le désert est donc rempli d’eau. Alors comment capter toute cette humidité pour produire de l’eau potable dans des régions qui en sont dépourvues ? », s’interroge-t-il. De fait, le désert du Sahara peut atteindre des taux d’humidité élevés. Plus globalement, l’atmosphère contient six fois plus d’eau que toutes les rivières du monde, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (source PNUE).
Lauréat de la prestigieuse École polytechnique française, Iheb et son camarade de promotion, Mohamed Ali Abid, créent une start-up en 2021. Leur projet consiste à développer une solution qui permettrait de répliquer le phénomène de la rosée du matin. « Nous avons passé de longs mois à modéliser et tester, à connaître des échecs aussi… Et nous avons réussi à mettre au point notre premier prototype, le Kumulus », raconte-t-il.
Grâce à un système alimenté à l’énergie solaire, l’air est brassé par la machine, passe par différents filtres puis l’humidité est extraite, et transformée en eau potable. Le Kumulus qui ressemble à une amphore, pèse 60 kilos, est facile à transporter dans un pick-up et à installer. Il produit de l’eau fraîche, potable et minéralisée. Environ 20 à 30 litres d’eau par jour. On le branche au réseau électrique ou à des panneaux photovoltaïques.
Le premier Kumulus est mis en route dans une école primaire, à Bayadha, à la pointe ouest de la Tunisie. Le projet prend corps. Le rêve devient réalité !
Plusieurs récompenses et prix viennent confirmer le potentiel de cette start-up : gagnante du premier prix Vivatech 2022 des start-up spécialisées dans le secteur de l’eau, elle a également été sélectionnée parmi les quinze start-up « GreenTech » les plus prometteuses d’Afrique.
En octobre 2022, à Paris, Iheb Triki est invité à participer à la 8e édition de « BIG » (Bpifrance Inno Génération), le plus grand rassemblement d’entrepreneurs d’Europe. Un rendez-vous annuel qui réunit start-up, porteurs de projets, investisseurs, étudiants, le grand public et de nombreux dirigeants de grands groupes industriels.
Devant le public et, les journalistes qui l’interpellent, Iheb martèle : « l’entreprenariat, c’est comme courir un marathon. Il vous faut être endurant et résilient pour le réussir. Nous n’étions que quelques-uns à démarrer l’aventure, avec un apport de moins de 20 000 dollars américains. Nous avons travaillé très dur pour améliorer notre produit, et il nous a fallu convaincre les investisseurs que notre idée était une solution d’avenir. ».
Tous ces efforts ont été payants : Kumulus a levé un million de dollars américains pour développer son potentiel, et la start-up s’est étoffée de talents, dont des développeurs informatiques, des ingénieurs en mécanique et des directeurs des opérations. La suite ? Développer et soumettre des brevets, mettre au point un équipement entièrement autonome et continuer à développer la technologie afin de la rendre plus accessible.
Avec sa technologie intelligente, Kumulus entend résoudre le problème de l’accès à l’eau potable en Afrique du Nord et contribuer à lutter contre les effets des changements climatiques sur l’épuisement des ressources en eau. Kumulus ambitionne désormais de se déployer sur le continent africain et l’ensemble du bassin méditerranéen.
« Mon rêve est que chaque famille ait sa propre source d’eau, une source durable, son propre Kumulus. Nous sommes en train d’y arriver », affirme Iheb, très déterminé.
Soutenu par la Banque africaine de développement, le ministère tunisien de l’Industrie a mis en place la stratégie « Industrie et Innovation 2035 » qui vise à créer un environnement favorable à l’éclosion d’entreprises à fort potentiel comme Kumulus.
Avec la Banque Africaine de Développement.
