Hervé Bouagnimbeck, Formateur : « La formation Organic Leadership Course (OLC) est une opportunité qu’offre l’IFOAM au Burkina Faso d’avoir des Leaders dans l’agriculture biologique »

novembre 28th, 2019 | par afriktilgre@
Hervé Bouagnimbeck, Formateur : « La formation Organic Leadership Course (OLC) est une opportunité qu’offre l’IFOAM au Burkina Faso d’avoir des Leaders dans l’agriculture biologique »
Agri-innove
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En marge de la formation Organic Leadership Course (OLC) qui s’est tenue du 21 au 24 novembre 2019 à Koubri, le Formateur Camerounais, Hervé Bouagnimbeck, livre à Afriktilgré les grands points de la formation.

Afriktilgré : Parlez-nous de la formation Organic Leadership Course (OLC).

Hervé Bouagnimbeck : La formation Organic Leadership Course (OLC) comme son nom l’indique est une formation qui s’est tenue dans plusieurs pays à travers le monde mais en anglais. Depuis 2019, l’IFOAM a bien voulu dispensé cette formation, dans le cadre du projet Organic Markets for Dévelopment (OM4D), en français.

Elle est organisée pour la 1ère fois dans des pays francophones. Après le Togo s’est le Burkina Faso qui est le second pays bénéficiaire. Pour l’Afrique francophone qui s’exclue parfois volontairement ou involontairement dans les débats internationaux, c’est une opportunité pour les deux pays d’avoir des Leaders en agriculture biologique.

Quels sont les grands axes de la formation ?

La formation OLC se déroule en différentes phases. La première phase c’est le 1er Face à Face. C’est à dire les rencontres physiques où les formateurs et les apprenants se retrouvent pour discuter des différentes thématiques, soit en plénière, soit en travaux de groupe pour tirer le maximum d’eux. Il y a deux (Face à Face 1 et le Face à Face 2). Le Face à Face 1 s’est tenue au mois de Mars. Il a duré 09 jours.

Après le Face à Face 1, vient les webinaires qui permettent aux apprenants d’approfondir leurs connaissances sur des sujets spécifiques. Par exemple, sur la certification en agriculture, sur le développement des projets relatifs à l’agriculture biologique, sur comment monter un plaidoyer, sur la communication, sur les marchés. Ce sont des webinaires mensuels.

En plus des webinaires viennent les devoirs. Chaque apprenant après le Face à Face 1, à l’obligation de soumettre au formateur trois devoirs. Lors du 1er devoir, il doit décrire une problématique en lien avec l’agriculture biologique dans sa zone d’habitation, d’intervention ou au niveau national. Et ce, pour permettre à l’apprenant qui est un futur leader de pouvoir identifier dans sa localité, dans son pays une problématique en lien avec l’agriculture biologique.

Le second devoir qui pour nous est le plus important, c’est le plan de développement personnel. Chaque apprenant doit pouvoir soumettre à l’appréciation des formateurs de l’IFOAM un plan de développement personnel.

Le plan de développement est la conception de l’apprenant sur un problème identifié au préalable auquel il doit proposer des solutions pour le résoudre. Cela se fait généralement sous forme de projet. Le plan est une forme d’engagement de l’apprenant de mettre en œuvre les connaissances acquises au cours de la formation.

Le 3ème devoir c’est l’interaction publique. Il vise à mettre l’apprenant qui est un futur Leader en relation avec le public. A ce niveau, il peut faire une communication sur les réseaux sociaux, encadrer un groupe de producteurs, faire une conférence de presse, être invité par les médias, pour justement défendre l’agriculture biologique. Mais aussi, former d’autres personnes sur la base des connaissances acquises.

Tous ces trois devoirs sont assez complémentaires et visent entre les deux Face à Face à permettre à l’apprenant de rester actif et d’être suivi par les formateurs et l’équipe de l’IFOAM qui est basée en Allemagne.

Une fois ce dernier effectué, nous avons le Face à Face 2 qui cette fois ci a eu lieu au mois de novembre. Il vise à présenter les devoirs développés par les apprenants, à recueillir leur ressentiment entre les deux Face à Face. Est ce qu’il a eu des sujets qui nécessitent un approfondissement ? Est ce qu’il y a eu des difficultés lors de la mise en pratique des différents devoirs ?

La phase 2 consiste à évaluer les enseignements acquis lors du Face à Face et les zones d’ombres existantes. Au cours de la phase 2, chaque apprenant doit pouvoir présenter son expérience entre les deux Face à Face. Il présente son plan de développement, sa problématique et la défend.

Cela permet à l’apprenant de savoir comment présenter et défendre son idée devant ses pairs. Nous avons eu 19 plans de développement et chaque plan est une idée de projet de développement de l’agriculture biologique. Nous voulons que le Leader puisse prendre des initiatives.

Les leaders présentant fièrement leur attestation à l’issue de la formation

Qu’est ce qui a motivé l’organisation de la formation OLC au Burkina Faso ?

Le problème qui se pose souvent dans beaucoup de secteurs, c’est qu’on a des gens qui font d’un côté la production biologique, d’autres sont certificateurs, d’autres sont impliqués dans la recherche, d’autres font le plaidoyer, etc.

Les acteurs en général ne voient pas le développement du secteur de manière holistique. C’est-à-dire, de manière globale donc chacun fait son petit bout de chemin et au final le secteur ne se développe pas. Et ce, parce qu’il n’y a personne qui a une vision de comment le secteur devrait se développer.

D’où l’organisation de cette formation pour permettre aux apprenants d’acquérir une vue d’ensemble du secteur et de comprendre sur quel levier actionner pour pouvoir véritablement le faire avancer.

Quels sont les objectifs de la Formation OLC ?

La formation OLC vise à former quelques représentants du secteur bio dans le Leadership. C’est à dire, inculquer aux apprenants le savoir-faire, le savoir être, le savoir-faire-faire nécessaire pour qu’ils soient des Leaders. Aussi, pour qu’ils soient en mesure de guider et d’influencer le développement du secteur biologique dans leur pays respectif et si possible au niveau mondial.

La formation ne vise pas à faire des participants des experts dans les thématiques bien précises. Mais, nous tenons au cours de cette formation à influencer les mentalités, à inculquer la connaissance nécessaire pour qu’ils puissent se considérer véritablement comme des Leaders et puissent avoir tous les mécanismes pour pouvoir développer le secteur de l’agriculture biologique.

Quels sont les résultats attendus de cette formation ?

Le résultat le plus immédiat attendu, c’est qu’il y ait un pool de personnes qui connaissent la direction où ils vont aller et pourquoi y aller. Ce qui va permettre à un pays comme le Burkina Faso qui est un peu avancé dans l’agriculture biologique de savoir comment planifier l’avenir de manière stratégique.

Également, de savoir quels sont les leviers sur lesquels on peut appuyer ? Quels sont les discussions au niveau continental, au niveau international qui sont en cours ? Comment le marché se présente ? Et qu’est-ce qu’on peut influencer pour permettre au Burkina Faso d’avancer de manière organisée.

Comment jugez-vous les projets des apprenants et leur niveau de participation ?

Les projets sont de très bonne qualité. Si chacun pouvait mettre en œuvre son plan de développement on aurait de nombreuses initiatives qui contribuent à faire avancer le secteur sur tout l’étendue du territoire. Les participants étaient très engagés. Nous avons assisté à la mise en place d’un réseau entre eux et nous espérons que la formation va impacter positivement le développement de l’agriculture biologique au Burkina Faso.

Nous sommes donc contents d’avoir contribué à la naissance de cette dynamique. Nous restons à l’écoute des apprenants et nous continuerons de les appuyer en cas de nécessité.

Que gagneront les participants à la fin de la formation OLC ?

Une fois l’OLC terminé, les participants vont regagner le grand réseaux d’appartenance au niveau mondial. Ce réseau est en train d’être développé. D’ici le mois de février, il y aura sur le site de l’IFOAM une plateforme de réseau réservée à toutes les personnes à travers le monde qui ont validé positivement le cours.

Ceci va permettre de valoriser leurs exposés, d’augmenter la visibilité du Burkina Faso et certainement aussi de tisser de nouveaux liens avec les autres au niveau international. Il y aura également une mise en réseau important entre les Leaders du Togo et du Burkina. Ce qui va contribuer beaucoup à l’échange d’informations, de savoirs, de savoir-faire au niveau sous régional. Également, à développer davantage l’agriculture biologique non pas seulement au niveau de la CEDEAO mais dans l’ensemble des pays francophones Africains.

Propos recueillis par Fernand Appia

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