Agroalimentaire: Du pain à base de céréales made in Burkina pour revivre l’idéal Sankara

juin 15th, 2022 | par afriktilgre@
Agroalimentaire: Du pain à base de céréales made in Burkina pour revivre l’idéal Sankara
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Le « Consommons ce que nous produisons, produisons ce que nous consommons » lancé par la révolution Sankariste continue à guider les pas de plusieurs Burkinabè. C’est le cas à Fasoleil Boulangerie, une unité semi-industrielle installée dans la banlieue sud de la ville de Ouagadougou. Depuis dix (10) ans, elle s’est positionnée dans la fabrication de pains composés. Des pains issus d’un mélange de blé, de céréales et de fruits du Burkina Faso. Le 7 juin 2022, rencontre avec cette entreprise qui veut travailler à réduire la dépendance du pays des Hommes intègres au blé importé.

Il est 16h, nous sommes à Karpala, un quartier populaire de Ouagadougou. Mountala Mohamed Dankambari, gérant de Fasoleil Boulangerie, a accepté de nous recevoir sur ses installations. Objectif, assister à une séance de fabrication de pain à base de patate douce à chaire orange. Ce pain appelé « Tond Bouri » notre pain en langue nationale Mooré est fabriqué avec 40 % de purée de patate douce à chaire orange et 60% de blé. Tout est pesé et les moindres détails sont pris en compte, rien n’est laissé à la légère. D’un côté il y a ceux qui épluchent la patate douce pour la fabrication du prochain pain et de l’autre côté le gérant qui, après avoir tout passé à la balance commence par le mélange de la farine dans le pétrin.

A sa sortie du four, le pain à la patate douce pèse 85g et est vendu à 100 F CFA. En dehors de ce type de pain, Fasoleil Boulangerie fabrique également des pains de 300g faits à base de blé et de maïs, des pains de 500g produits à base de blé et de petit mil, des pains sucrés produits à base de farine de maïs avec un apport en mangues séchées.

Une vue du “Tond Bouri”

Dans cette boulangerie vieille d’une décennie, environ 600 pains sortent chaque jour. Ils sont distribués dans des boutiques, restaurants et marchés éco-locals de part et d’autre dans la capitale Burkinabè. A Karpala (quartier qui abrite la boulangerie), à Kalgondin, à Ouaga 2000 etc.

Tout au long de notre immersion, Mountala Mohamed Dankambari n’a cessé d’inviter ses compatriotes à revenir vers le local qui, selon lui est plus nutritif. « Les pains que nous produisons sont nettement meilleurs que les baguettes. Quand on prend la baguette on n’a pas besoin d’être un nutritionniste pour savoir qu’il est pauvre en vitamines. », se convint-il.

Cliquez ici pour tout savoir sur les pains produits par Fasoleil Boulangerie

Il faut noter que l’ambition phare de Fasoleil Boulangerie est d’arriver à un pain 100% local, produit exclusivement avec des céréales ou tubercules du terroir.

La recherche confirme la possibilité de fabriquer un pain 100% local mais…

Jusque-là, la farine de blé est considérée comme incontournable dans la fabrication du pain en raison du gluten qu’elle contient. Le gluten est une protéine qui a des propriétés viscoélastiques. Il confère à la pâte faite à base de blé une certaine élasticité, retient l’eau pour permettre à la pâte d’être maniable et l’aide à se gonfler pendant la fermentation.

Malgré l’absence ou la faible quantité de gluten dans les céréales produites au Burkina Faso, Dr Hagrétou Sawadogo/ Lingani, Directrice de recherche en biochimie, microbiologie et technologie alimentaire à l’Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT), nous confiera qu’il est possible de produire un pain avec ces céréales locales ( mais, mil, sorgho etc.), mais en ajoutant du gluten. Actuellement, le gluten est un ingrédient qui est produit et commercialisé, ajoute-t-elle.

Des consommateurs saluent un pain « sain et nutritif »

Le moins que l’on puisse dire est qu’en dix années d’existence, Fasoleil Boulangerie a réussi à se créer de fidèles clients. Lydie Doulkom la quarantaine environ habite à bonheur ville, un quartier non loin de Ouaga 2000 ou se vend les pains de Fasoleil. Chaque samedi et ce depuis quatre ans, elle a opté pour les pains faits par Mr Dankambari et son équipe. Lydie Doulkom justifie son choix par le caractère naturel qui se dégage des pains qu’elle achète désormais.

Yvette Dondassé, une autre consommatrice est allée plus loin en disant que toute sa famille s’est orientée vers le pain local depuis qu’elle a goûté. « Le local est le meilleur, c’est produit par nous-même et ça doit être consommé par nous-même. Le pain que je paye est sain, c’est doux et c’est à petit prix. Avec 100 F CFA on peut en acheter. C’est un prix accessible au citoyen lambda.», confie-t-elle en dégustant un morceau de pain à base de petit mil.

Sougrinoma Ismaël GANSORE

Assetou Zalle (Stagiaire)

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