Tribune : “Les intellectuels burkinabè n’ont pas été utiles à notre secteur agricole.” Gérard Sanou Agriculteur

novembre 2nd, 2022 | par afriktilgre@
Tribune : “Les intellectuels burkinabè n’ont pas été utiles à notre secteur agricole.” Gérard Sanou Agriculteur
Agro-pastoral
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Parlons de la souffrance des cultivateurs

Le secteur agricole burkinabè est dominé par des petits producteurs qui ont des pratiques moyenâgeuses. Daba, pioche, houe… ce sont des outils toujours utilisés dans ce XXIe. Allez-y imaginer la souffrance des braves hommes et femmes qui courbent l’échine sous le soleil de midi pour une pitence de subsistance.

Pourtant c’est dans ces conditions pitoyables que beaucoup de paysans se battent pour inscrire leurs enfants à l’école. Après de longues études, ces enfants de paysans qui arborent désormais la tunique d’intellectuels, oublient vite d’où ils sont venus. Ils arpentent gaillardement les rues des métropoles, palpent les monnaies étrangères, dépensent sans compter, croquent le luxe à belles dents, mais viennent rarement au champs pour créer de meilleures conditions de travail pour leurs parents.

Combien d’intellectuels connaissez-vous après avoir étudiés en Chine, en Europe ou aux USA a décidé de s’installer dans son village pour aider ses parents. Ils se bousculent tous dans les bureaux et dans les officines des partis politiques. Beaucoup finissent par devenir des politiciens professionnels et pire des vendeurs d’illusions et des pilleurs de leurs propres parents dans les villages.
Gérard Sanou un journaliste qui s’est reconverti dans l’agriculture

La législation concernant l’utilisation des pesticides, un domaine où nos intellectuels sont totalement absents.

Aujourd’hui notre secteur agricole est en lambeaux. Les pesticides sont en train de tout détruire. On enregistre des cas de décès provoqués par ces poisons, le consommateur développe des maladies cancérigènes, les eaux sont polluées, les animaux et insectes sont tués, le sol est détruit. Difficile d’egrener tout le chapelet des problèmes dus aux pesticides en quelques lignes. En effet, les grandes firmes comme BASF, Bayer, Corteva Agriscience, FMC et Syngenta, sachant que nos intellectuels sont des vendus, profitent de la faiblesse de nos législations pour déverser sur notre marché ce qu’ils ne peuvent pas vendre sur les marchés européens et américains.

Ceux qui permettent que ces produits arrivent dans les mains du paysan ou ferment tout simplement les yeux quand ils traversent la frontière, connaissent leur degré de dangerosité. Ils préfèrent se taire parce qu’ils ont la bouche pleine. Quand on se permet de chanter les louanges d’une firme comme Bayer dans son propre pays, alors qu’on ignore pas le rôle que cette société à jouer dans la tentative d’extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale, on est tenté de se demander si ces intellectuels ont une conscience.

60 ans après les indépendances, nous avons des intellectuels qui manient avec dextérité la langue de Molière, mais incapables de créer des conditions pour le développement d’une agriculture durable, garantissant l’autosuffisance alimentaire, la préservation du cadre de vie, et une vie épanouie à leurs propres parents du village.

Gérard Sanou

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