Reconnaissance des Biointrants au Burkina Faso : Les acteurs viennent de remporter une victoire d’étape

avril 21st, 2025 | par afriktilgre@
Reconnaissance des Biointrants au Burkina Faso : Les acteurs viennent de remporter une victoire d’étape
Agro-pastoral
0

Soixante-douze heures (72h) durant, chercheurs et praticiens de l’agroécologie ont réalisé un inventaire des biofertilisants, biopesticides (biopestifuges) et des semences paysannes utilisés au Burkina Faso, avec à la clé des fiches techniques standardisées pour chacun de ces biointrants. Les résultats de ce travail ont été présentés le vendredi 18 avril 2025 à Ouagadougou, devant des techniciens du Ministère en charge de l’Agriculture, de la Recherche et de l’Innovation, et les membres du cadre de concertation biointrants. Les acteurs de l’agroécologie réunis autour du Conseil national de l’Agriculture biologique (CNABio) avancent ainsi vers une reconnaissance des biointrants par les autorités.

La réflexion a été menée du 14 au 16 avril dans la ville de Koudougou, région du Centre-ouest, par un comité restreint d’experts constitué à l’issue d’une rencontre du cadre de concertation des acteurs biointrants. Lesdits experts ont été répartis en trois groupes. Le premier a travaillé sur les fertilisants, le second sur les semences paysannes et le troisième s’est occupé des pesticides ou pestifuges. Les trois groupes ont proposé à l’issue des travaux un inventaire actualisé des biointrants utilisés ou produits localement, une classification des biointrants selon leur origine, fonction et usage, la définition de critères techniques et scientifiques de caractérisation des biointrants et enfin l’élaboration de fiches techniques standardisées pour chaque type de biointrants. Les résultats du groupe d’experts sur les biofertilisants (fertilisants à base d’éléments naturels d’origine végétale ou animale Ndlr) font ressortir  deux types à savoir les engrais organiques et la fumure organique. Dr Ibrahim Sori expert en chimie des sols a d’emblée indiqué que les engrais organiques regroupent tous les fertilisants organiques dont les teneurs en N.P.K ( azote, phosphore et potassium) sont supérieurs à 5% tandis que les teneurs de mêmes natures pour la fumure organique sont supérieurs ou égales à 4,5%.

Dr Sori et les autres membres du premier groupe ont surtout proposé des normes pour la production et les commandes institutionnelles des biofertilisants. Pour ce qui est de la fumure organique avec un aspect physique poudreux par exemple, les normes proposées disent que l’odeur doit être non déplaisante et la teneur en eau  inférieure ou égale à 10%.

Au niveau des semences paysannes, le comité a pu rassembler une kyrielle d’espèces utilisées au Burkina Faso. Il s’agit entre autre de céréales comme le mil et le sorgho, de légumes petit-fruit à l’instar du piment, la tomate, de fibre (coton), de racines et tubercules (igname, manioc) etc. Pour qu’une variété soit considérée comme paysanne elle doit donner au minimum le tiers du rendement national à l’hectare qui s’élève à 500 kg. Face aux maladies et aux ravageurs, cette variété doit présenter une incidence et un taux d’infestation inférieur à 20% (sur 100 plantes on ne doit pas avoir plus de 20 qui sont malades Ndlr), selon les conclusions du groupe d’expert présentées par Mahamadi Ouédraogo Chef du département des banques de gènes phylogénétiques au Secrétariat permanent de la Commission nationale de gestion des ressources phylogénétiques (SP CONAGREP).

Il faut noter également qu’un recensement des entreprises évoluant dans la production de biopesticides suivi d’un examen des fiches techniques de leurs produits a été réalisé par le dernier groupe d’experts. A l’issue de ce tour d’horizon, un modèle d’étiquette comportant des données clés à savoir le nom commercial du produit, sa fonction exacte ( insecticides, fongicides etc.) les ingrédients utilisés, la forme sous laquelle le produit est présenté ( liquide, poudre etc.), a été proposé afin de rassurer le producteur qui souhaite l’utiliser.

Par la suite, Madi Zango agent du service de gestion des pesticides au Ministère en charge de l’Agriculture a laissé entendre que ce travail de caractérisation des biointrants revêt une importance capitale dans la mesure où il permet de savoir « qu’il y’a un minimum de normes pour parler de biointrants ». Il n’a pas manqué d’ inviter les fabricants de biopesticides à toujours se conformer aux dispositions de la loi 026 portant contrôle de la gestion des pesticides, qui exige une analyse physico-chimique  ( analyse qui détermine la composition chimique et les propriétés physiques Ndlr) de tout pesticide avant son entrée sur le marché.

Au sortir des discussions en salle, Sayouba Bonkoungou Président du conseil d’administration (PCA) du Conseil national de l’Agriculture biologique (CNABio) fonde l’espoir que les différentes contributions donnent un coup d’accélérateur à la reconnaissance des biointrants auprès du Ministère de l’Agriculture des Ressources Animales et Halieutiques (MARAH).

Outre la reconnaissance, le PCA du CNABio espère une intégration de ces biointrants dans les commandes de l’État afin de faciliter leur promotion et diffusion auprès des paysans.

Retrouvez un résumé de l’atelier sur notre chaine Youtube Afriktilgre Tv.

Sougrinoma Ismaël GANSORE

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *