Claude Arsène Savadogo, BIOPROTECT : « Nous voulons apporter une réponse qui permet d’augmenter et de sécuriser les rendements agricoles tout en préservant l’homme et l’environnement »

décembre 24th, 2019 | par afriktilgre@
Claude Arsène Savadogo, BIOPROTECT : « Nous voulons apporter une réponse qui permet d’augmenter et de sécuriser les rendements agricoles tout en préservant l’homme et l’environnement »
Agri-innove
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Le Burkina Faso est un pionnier en matière de production biologique grâce aux acteurs et partenaires qui développent des initiatives visant à promouvoir ce modèle agricole. Au nombre de ceux-ci, figure BIOPROTECT qui est actif dans la promotion des moyens biologiques de protection des cultures et de fertilisation des sols. Claude Arsène Savwadogo, l’administrateur gérant de cette entreprise, met en lumière leurs activités et la raison d’être de BIOPROTECT.

Afriktigre : Faites-nous un descriptif de BIOPROTECT, de ses activités et de son fonctionnement.

Claude Arsène Savwadogo : BIOPROTECT est une entreprise de droit burkinabè créée en 2011. Elle est active dans la promotion des moyens biologiques de protection des cultures et de fertilisation des sols. Les activités de l’entreprise se déclinent en 4 grandsvolets. . Le premier est celui de la recherche développement. Ce volet est relatif à la mise au point de formule de production sur les intrants (fertilisation du sol et protection des cultures contre les maladies et ravageurs), aux itinéraires de production biologique et aux techniques post récoltes (stockage, transformation).

Le deuxième axe est celui de la production des intrants biologiques. Nous avons une unité de production d’intrants agricoles organiques (fertilisants et produits de traitement). Il faut signaler que contrairement à la grande majorité des autres entreprises du domaine qui importent les intrants agricoles pour les revendre, à BIOPROTECT nous avons fait le choix de tout produire localement. Pour ce faire nous avons isolé et utilisons des souches locales de champignon Trichoderma pour la formulation de nos produits. Nous valorisons aussi les espèces locales ayant des propriétés bio pesticides. Ces espèces sont cultivés ici au Burkina à travers notre réseau d’agriculteurs. Il faut rappeler que dans l’agriculture biologique ou l’agroécologie la dimension locale est très importante. C’est pour cela que nous accordons du prix à la valorisation de nos produits locaux. Aussi, les espèces indigènes sont plus adaptées à nos conditions agro-pédo-climatiques. En plus des bio pesticides et biofertilisants que nous produisons, nous mettons également à la disposition de ceux qui le souhaitent, des huiles essentielles pures pour des usages divers (cosmétiques, pharmaceutiques, alimentaires).  

 Lea troisième volet d’activités est le renforcement de capacités des acteurs engagés ou souhaitant s’engager dans la production biologique ou l’agroécologie. Cela se fait à travers l’assistance technique, le conseil mais aussi l’organisation de session de formation.

Le quatrième et dernier volet d’activité est celui de la commercialisation des produits agricoles bio et écologiques sur le marché national et international.

BIOPROTECT propose une variété de produits agricoles dans sa boutique

Qu’est ce qui a sous-tendu la création de BIOPROTECT sachant bien que le Burkina Faso est déjà un pays pionnier en matière de production biologique ?

L’idée de créer BIOPROTECT est née de constats : la pauvreté et la dégradation continue des sols Burkinabè, l’utilisation maladroite et parfois abusive des pesticides chimiques de synthèse, la difficulté pour les agriculteurs d’avoir accès à des intrants agricoles de qualité. Ces constats étaient beaucoup plus accentués chez les producteurs bio.  Ces constats sont malheureusement toujours d’actualité. Nous assistons à une baisse tendancielle des rendements agricoles qui couplée à une augmentation de la population peut être source de conflits.

Ce sont ces facteurs qui nous ont poussé à mettre en place notre entreprise pour apporter une réponse qui permet d’augmenter non seulement quantitativement mais aussi qualitativement les produits agricoles tout en prenant en compte la dimension environnementale.

Le panier bio de BIOPROTECT est une solution pour bien manger et maintenir sa santé

Quelles sont vos relations avec les producteurs et les autres acteurs qui sont dans la commercialisation ?

Nos relations avec les producteurs sont de deux ordres. Premièrement, c’est une relation d’assistance technique et de conseils sur les aspects de gestion de la fertilité des sols et du contrôle des maladies et ravageurs des cultures. A côté de ça, il y’a la relation de fournisseur d’intrants.

En second lieu, nous sommes liés par la commercialisation. Nous appuyons la majeure partie des producteurs qui sont dans notre réseau de fournisseurs (plus de 2000 producteurs) dans la commercialisation de ce qu’ils produisent. Ensemble nous définissons des plans de production de sorte que les produits répondent à un marché. Il y a un cahier de charges qu’ils doivent respecter en fonction du type de marché et de certification.

Nous avons des relations de collaboration avec les autres acteurs de la commercialisation des produits bio. Cette collaboration se fait soit à travers des cadres formels comme, le cadre de concertation mis en place par le Conseil National de l’Agriculture Biologique (CNABio) pour les acteurs de la production biologiques, soit de façon informelle et ponctuelle pour satisfaire des besoins de clients. Cependant dans toutes ces relations, ce qui est fondamentale pour nous est de garantir un juste prix pour le producteur et le consommateur.

Nos circuits de vente sont : la vente directe à la boutique Ecobio de Kouritenga ou du centre-ville (en face de la DGCOOP), quelques supers marchés de la place, et la livraison à domicile. Les commandes peuvent se faire en ligne. Nous organisons de temps à temps des ventes à la ferme auprès de nos producteurs partenaires.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez et vos perspectives ?

La principale difficultés est la disponibilité des produits agricoles. Que ce soit pour le marché d’exportations ou le marché locale, nous avons toujours du mal à atteindre nos objectifs. Nous n’avons pas toujours la quantité de produits qu’il nous faut. Pour le marché local se pose le problème de saisonnalité du produit. A partir d’une certaine période, il est très difficile de produire tant qu’on n’a pas d’eau et souvent il fait très chaud. La question de l’environnement et de l’identification des produits bio est une autre difficulté. Tout le monde ne connait pas le bio ce qui fait que certaines personnes s’érigent en vendeur de produits biologiques, sans véritablement l’être. En quelque sorte c’est de la publicité mensongère. Les consommateurs, quant à eux, veulent des produits frais, de qualité sans pourtant mettre le prix.

Comme perspectives, nous comptons renforcer notre ancrage au niveau national. Accroitre nos capacités de production que ce soit au niveau des intrants qu’au niveau des produits agricoles certifiés. Nous comptons également renforcer la collaboration qui existe avec les partenaires, afin que nous parlons ensemble d’une même voie pour développer le secteur. Enfin, étendre notre réseau hors des frontières du Burkina Faso fait partie de nos perspectives.

Fernand Appia

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